
Les intellectuels, les politiciens vont nous inonder d’exégèses de la DÉCISION du 12/4
RFI a tenu à m’interroger sur la fameuse DÉCISION during 12 avril. Bien que ces derniers temps, je décline de plus en plus des interviews de médias étrangers sur la politique comorienne, j’ai tenu à manifester ma peur pour l’avenir. Demain lundi, les intellectuels, les politiciens vont nous inonder d’exégèses de la DÉCISION du 12/4. Chacun sera seul à comprendre sa compréhension du texte et de la constitution. J’ai peur parce que dans tout ça, on voit que notre société manque de bon sens et d’humanité.
Je commence par l’humanité. La Décision se réfère au manque de 5 juges de la cour non nommés. On sait que les 8 personnes qui nomment sont le Président de l’Union, les 3 Vice-présidents, le Président de l’Assemblée, et les 3 gouverneurs. Pourquoi dans ce pays musulman, où tout le monde est ami_ami, où tout le monde abandonne le travail pour aller voir des des gens qu’on connaît à peine s’ils sont grippés, il n’y a pas de longues queues devant les domiciles de ces hautes personnalités pour savoir ce qui leur est arrivé? Accident de voiture? Coma ? Maladie invalidante ? Crude de folie ? Possession par des Djins, marumba, chantage ? Honte del sortir pour un méfait susceptible de Gungu ? Quoi ? Pourquoi n’ont ils pas nommé ?
Candidats aux fonctions qu’ils occupent actuellement, ils savaient bien que la constitution leur impose de nommer des juges de la cour constitutionnelle quand leur tour viendra ? Y a t il une grève des stylos et des claviers ? Expliquez-moi les raisons de la non-nomination des 5 juges. Ces 8 responsables se rendent ils compte qu’il n’y a pas de possibilité de refuser de nommer les juges, sauf à renier la constitution (coup d’état) ou démissionner ? Y a t il eu démission des 8 dignitaires ? S’ils refusent de nommer et restent en fonction, c’est un coup d’état. Le reste c’est du blabla
Nous aimons singer en mal les Français. Ceux qui s’intéressent encore à l’histoire de France, ont appris l’auto-coup d’état de Charles-Louis Napoleon Bonaparte, neveu du Premier, connu comme le 18 Brumaire. Il était Président, après le coup d’état , il devint Empereur. Mais Napoleon III était entouré de brillants hommes : Talleyrand, Sièyes, Cambacerès.. qui ont certes fait beaucoup pour la France, mais n’ont pas pu empêcher l’empereur de finir en exil et la France d’être ruinée par les Prussiens. Les sages amis d’Azali et l’opposition pourront-ils faire revenir le président au respect de la Constitution pour nous éviter l’empire et le chaos ?
Je veux bien que quelqu’un qui a passé beaucoup de temps à lire du droit, m’explique la place d’une Décision présidentielle dans la hiérarchie des normes juridiques. J’ai un peu de temps ce dimanche, jusqu’à 18h.
Un ami proche du président de la République, pour qui j’ai beaucoup de respect, a essayé de justifier le machin du 12 avril, en étalant toutes les bêtises de la Cour Constitutionnelle. Oui. Le Président peut avoir beaucoup de raisons de la réformer ou de la supprimer. Il a le droit de le faire en respectant la constitution, par référendum ou par le congrès. Même si son objectif ultime est de changer la constitution et nous présider pendant 20 ans. Pourquoi pas si on le lui accorde par un changement constitutionnel qui respecte cette constitution ?
Le président de la république n’a pas le droit de changer les lois par un machin parce que ça va mal et qu’il nous veut tout le bien du monde. Encore moins la constitution. Pas plus que le ministre de la justice ou de l’intérieur n’a le droit d’arrêter une voiture roulant avec 3 roues et une béquille et sans feux. Tout puissant qu’ils soient c’est le rôle de l’agent de police. C’est ça l’état de droit. Chacun a son rôle comme on dit au cinéma et dans les pays de droit. Pour la constitution c’est les citoyens en taxi Vitz et riz Onicor ou nos élus, conseillers des îles et députés à travers le congrès, pas le Grand Chef Suprême. Et pas avec le machin du 12 avril.
Et en plus, mépris de mépris de mépris, il signe et part sans aucune explication à nous ignares, du peuple, à qui il a obligation d’expliquer ses grandes décisions.
Said Mchangama