En reconnaissance à Feue Mme Saminya Bounou

Quand son nom apparaissait sur l’écran du téléphone je savais qu’elle allait me rendre utile à quelque chose d’utile.


Je n’étais qu’une connaissance nourrissant une respectueuse et affectueuse admiration pour son sérieux dans ses engagements, pour la foi, le bon sens et la simplicité avec lesquelles elle m’introduisait aux causes pour lesquelles elle écrivait ou sensibilisait ou mobilisait ou – les 3 à la fois.


Je crois que ses proches, encore plus que moi, ont du souvent ressentir un mal-aise, un sentiment d’injustice et d’impuissance en pensant à elle pendant sa maladie. Voir ou prendre des nouvelles auprès de Mohamed Hassan, le dévoué mari-ami-aimant, devenait de plus en plus difficile, à mesure que l’issue fatale quoique jamais prononcée, s’affirmait évidente. J’ai ressenti son départ comme une délivrance pour cette femme-debout, alitée par une maladie terrible. Une maladie qu’elle avait contribué à faire connaître en soutenant les campagnes de sensibilisation et de lutte contre le cancer quand je présidais l’Union Comorienne contre le Cancer. C’était bien avant qu’elle n’en soit diagnostiquée.
Après le coup de fil m’annonçant son décès et la confirmation auprès de son mari, j’ai été emporté par le travail. J’ai travaillé plus que d’habitude. Pendant cette semaine, je n’ai cédé à aucune tentation de procrastination. J’ai repêché des notes, des brouillons, me suis mis à jour des rapports à livrer. Chez LuLu, à HaYba FM et à la FCC j’ai fait un peu plus que d’habitude. Peut-être pour lui dire merci de ses appels à l’utilité. Pour lui dire que ce n’est pas vrai elle n’est pas irremplaçable. Elle est mieux que ça : elle nous a donné un sérum de l’énergie, de la volonté d’être utile dans le combat pour l’information, la justice et le progrès social. Comme tous celles et ceux qui sont dignes et redevables de notre mémoire, elle a œuvré pour qu’elle soit remplaçable en mieux.

Elle a formé, accompagné, encouragé, donné l’exemple en payant de sa personne pour que l’après soit pourvu de journalistes, de femmes et d’hommes mieux informés et donc plus responsables. Elle a prouvé, dans un petit pays pauvre à l’état de droit balbutiant, riche de compromissions, de rumeurs et de mensonges, qu’il est possible, armé de la foi en son métier et de la volonté de bien le faire, d’être un bon journaliste, utile aux citoyens. Elle a créé avec ses proches, l’Association des Femmes Comoriennes de la Presse. C’est un héritage important. Il n’ y a pas de progrès économique et social, il n’y a pas de progrès des connaissances, il n’y a pas d’éducation des décideurs sans associations de métiers. C’est l’ un des grands défis des nouveaux états pauvres. Je l’ai un peu fréquentée, avec ses amies, pendant la période de création de l’AFCP, et il me semble bien qu’au-delà de l’affirmation du rôle des femmes, elle avait une vision qui embrassait toute la profession.

Bibi Saminya Bounou harifayi, hanifayi, harirantsiza wiratha. Mgu namrehemu

Said Mchangama

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